
Au-delà de l’image, du statut, du savoir, il y a l’individu, en tant qu’être particulier. Comprendre, c’est dépasser la culture de la généralité, « les…sont », pour identifier les éléments de personnalité propres à chacun, « vous…êtes ». Comprendre plutôt que « j’aime, je n’aime pas ». L’objectivité plutôt que la subjectivité.
Evaluer nécessite de l’objectivité. C’est aussi aller au-delà de l’outil, qui apporte une caution supposée objective, selon l’objectivité de son utilisateur… Ne permet-il pas plutôt à l’évaluateur de se désengager de l’acte d’évaluation, de la relation professionnelle elle-même. La valeur de l’outil reste en effet ce que l’on en fait: engagement et responsabilité.
Evaluer avec objectivité, c’est aussi évaluer une situation, un projet, un poste, une décision, et accepter que cette évaluation apporte une conclusion peut-être différente de celle que l’on aurait souhaitée pour soi, mais certainement plus adaptée au contexte et à l’environnement du sujet: au besoin plutôt qu’à la demande, au collectif plutôt qu’à moi.
C’est le risque, très répandu, de « l’égo évaluation », et au final de « l’ego relation ». L’autre n’est plus qu’un prétexte à obtenir ce que Je souhaite, un moyen de satisfaire Ma demande: un outil ?
Evaluer implique, autant pour l’évaluateur que pour la personne évaluée, de prendre du recul par rapport à l’image, à l’impression. Cela demande de s’investir, de s‘impliquer dans la relation au sujet. C’est mettre de côté ses propres référents, considérés comme uniques repères possibles, pour s’ouvrir et se montrer curieux, si ce n’est par empathie, au moins par pragmatisme et réalisme. C’est comprendre l’univers face auquel je me trouve, plutôt que positionner le sujet ou l’individu par rapport au Mien.
L’objectivité : un outil pour générer de la performance et de l’intégration sur le long terme, et un engagement dans la relation.
Qu’êtes-vous prêt à investir pour construire ce que vous souhaitez ? Quelle part de vous engagez-vous dans la réalisation de vos projets ? Etes-vous prêt à dépasser cette culture contemporaine du RWI (Return Without Investment), qui rationnalise jusqu’à l’investissement humain ?
Rationalisation ne signifie pas objectivité. L’outil est un media, et quelle que soit sa sophistication, il ne comblera pas la part d’individualité, de proposition et d‘initiative que vous avez à transmettre, à faire vivre, à évaluer.
C’est bien à vous, candidat ou évaluateur, de construire et de comprendre le message, le contenu du projet, l’adéquation objective, au risque sinon, par sécurité et facilité, par satisfaction immédiate, d’engranger plus de frustration que de satisfaction sur le long terme.
Objectif : objectivité. Engagez-vous !
Stéphane LHERMIE