
Ce qui est collectif est-il forcément collaboratif ou solidaire ?
Hélas non.
Parler de soi ne se fait pas. S’effacer devant le groupe devient le recours pour exprimer une idée individuelle : « on » remplace « je ». Ce dernier friserait l’arrogance. Pourtant, la prétention est plutôt l’expression d’une attitude, au-delà des mots utilisés. Une sorte de déficit de la relation.
Comment faire comprendre et partager ce que chacun réalise, apporte à l’organisation, sans parler de soi, sans même s’identifier dans le discours ? « On » devient un jeu de piste pour l’interlocuteur, qui ne différencie pas l’action individuelle de l’action collective. L’échange est alors un exposé en demi-teinte, qui évite l’exposition individuelle, mal connotée, tout autant qu’une certaine efficacité dans la conviction et la clarté du message.
« On » est impersonnel, en contradiction avec l’objectif de l’évaluation : identifier et comprendre la contribution individuelle.
Pourquoi pas alors le « je », pas l’interdit, mais celui adapté, clair, précis, en contact avec l’environnement ? Eviter un sujet à cause de sa représentation excessive, le « je » arrogant, c’est aussi éviter un bénéfice possible lié à la réalité de sa nuance, le « je » individualisé, mais pas individualiste.
Une approche intermédiaire serait donc d’inclure le « je » dans un projet plus collectif.
Au-delà du « je veux », « j’ai envie », « je et grâce à moi sans les autres », il peut aussi y avoir « je participe à un projet d’équipe », « je propose, explique et mets en place ma stratégie, mon plan d’action… en accord avec …. », « j’ai influencé les résultats, grâce également à la collaboration de… »
« Je collabore, communique… avec l’équipe » sonne en effet mieux que « j’ai l’esprit d’équipe »…, qui reste à démontrer.
Il y a donc le « je » brut, et l’esprit du « je ». S’exposer individuellement n’est pas contradictoire avec la relation à l’autre. Cela devient même une nécessité dans une société ou n’existe que ce qui est visible. C’est peut-être regrettable, mais il est aussi nécessaire de s’adapter à certaines réalités, pour mieux les intégrer, et de manière positive.
Vous exposer dans votre rôle, dans votre contribution, est autant nécessaire en communication externe (recrutement), qu’en communication interne (mobilité, projet).
Comment sinon être compris, voire reconnu, si vous ne parlez pas de vous ? Certes, « les enfants ne doivent pas parler à table », mais le monde professionnel dépasse quelque peu les enjeux d’un repas.
C’est dire « qui » vous êtes dans ce « que » vous faites, et faire du « je » un média de votre capacité d’apport, de devenir, d’adaptation, quelques soient vos talents et compétences.
C’est aussi ce « je » de relation qui alimentera votre confiance en ce que vous faites, en vos atouts, en votre participation individualisée au projet du groupe.
Et si vous jouiez au « je » ?
Stéphane Lhermie