Rien ne va plus !
Cela dépend. Si l’on attend que quelqu’un fasse aller, ou si chacun participe, selon ses moyens, et fait en sorte que cela aille mieux.
Alors, peut être plutôt : rien ne va plus de soi ? Plutôt, effectivement.
Si l’espace collectif est en même temps mouvant et incertain, si l’instabilité est devenue chronique, si la société institutionnelle ne nourrit plus de perspectives, il revient alors à chacun de réalimenter son espace individuel
L’association des espaces individuels pourrait alors nourrir cet espace collectif reconstruit en partie par l’entreprise, par l’univers professionnel, par chacun dans son univers.
Une façon de nourrir le lien entre l’espace individuel et l’autre collectif serait de réaffirmer un acte d’engagement.
En effet, construire l’avenir sur des engagements initiaux peut, au fil du temps, diluer l’adhésion et faire oublier les raisons de cet engagement.
L’évidence et l’habitude sont trop actées comme suffisantes pour ne plus avoir à exprimer un engagement. Les circonstances de l’adhésion, de l’environnement et les évolutions individuelles peuvent entre temps avoir changé.
Dans une culture « relativement » prompte à considérer le verre vide, peut-être pourrions-nous juste considérer que le verre existe, et se questionner ensuite sur ce que nous pouvons en faire.
L’entreprise, les managers, les dirigeants sont supposés représenter l’impulsion de tout, en tant que représentation d’une certaine autorité. Ils sont eux aussi dans un besoin de recevoir des signaux visibles de confiance internes, au regard des nombreux facteurs d’incertitudes externes.
C’est à chacun d’entre nous d’investir une expression de confiance : d’abord en soi, puis en l’autre, en son équipe, en son entreprise… et de le faire savoir.
Dans un environnement d’incertitude et de transformation, parfois brutal, où l’expression du doute et de l’insatisfaction peut être plus spontanée que celle de la confiance, il me semble aussi important de se mettre en capacité de réaffirmer ce qui lie l’individu à son environnement professionnel. Certes, une expression qui est aussi liée à l’aptitude managériale de valoriser ce message, et de le considérer comme un facteur positif et d’adhésion.
« Ne te demande pas ce que l’entreprise peut faire pour toi, mais ce que tu peux d’abord faire pour toi-même pour mieux participer avec les autres ». Et oui, l’Etat-providence est mort, vive l’Individu-projet.
Le sujet n’est donc pas le collectif ou l’individu, mais l’impulsion de la construction du collectif par l’individu.
Pour alimenter l’envie de l’organisation, la visibilité de l’adhésion, peut-être est-il aussi envisageable d’exprimer et de faire savoir un souhait individuel de participer, de contribuer, de poursuivre et de projeter le lien professionnel.
Ça vaut la peine d’essayer, même dans l’effort. C’est peut-être sans garantie. Mais ça aussi, c’est fini !
Stéphane Lhermie