Demain serait-il comme hier ? Rassurant de le penser…Et pourtant. Le monde d’hier a disparu, vive le monde de demain ! Oui, mais lequel ? Pour l’instant, peu de signaux clairs sur le sujet. En revanche, chaque jour annonce une nécessité : construire aujourd’hui les nouvelles bases de demain, avancer vers ce qu’on ignore en s’appuyant sur ce qui est connu. La confiance.
Il est question d’adaptation, de remise en question, pour stimuler la créativité, l’innovation. Se projeter autrement, mais nécessairement, et surtout au contact de la réalité extérieure.
Peut-être faudrait-il envisager de se connecter davantage à cette réalité, celle de l’autre, celle du possible. Une réalité positive, qui n’est pas uniquement synonyme de risque, sinon celui de réussir, et qui existe aujourd’hui dans ses bonnes pratiques, si l’on se donne la peine d’en être à l’écoute des signes parfois trop discrets. (cf.« Confiance et optimisme »).
Etre en mouvement, s’adapter : créer de la mobilité, en étant déjà mobile soi-même. Intellectuellement, géographiquement, culturellement, professionnellement….Mobile ne signifie pas instable. C’est déjà envisager la possibilité d’évoluer.
Avancer, c’est accepter que demain ne sera pas une reproduction passive du passé. Avancer, c’est faire en sorte de garder un lien avec l’évolution de son environnement. C’est être en contact, c’est se confronter.
Cela demande de renoncer à certains éléments figés du passé, au moins à ceux qui ne permettent plus à l’individu de rester connecté et intégré par rapport au marché. C’est par exemple abandonner certains éléments de statut, de rémunération, d’acquis. Changer de poste, d’entreprise, de secteur…c’est aussi remettre en question les référents propres à ces situations, pour en découvrir d’autres.
Comme l’évoquait Paul MARTIN*, dans le Point du 10 avril 2014, au sujet du redressement des finances publiques : « Il était indispensable que chaque Canadien accepte de perdre quelque chose ».
L’adaptation devient alors le moyen de progresser, ou simplement d’obtenir ce qui est souhaité, voire même de conserver et éviter de perdre.
Le lien entre l’individu et le marché se construit aussi par cette disposition individuelle au mouvement, pour intégrer et accompagner la mobilité du marché, même si elle peut sembler parfois excessive et incertaine. Une démarche active, en dynamique.
J’ai constaté récemment cette capacité individuelle, et vous la restitue comme expérience humaine positive.
Un patron de PME (Bac +5, MBA, trilingue), monsieur S., se remet en situation de recherche d’un poste salarié après la liquidation de son entreprise. Habitué à décider, à influencer, il pense le futur notamment selon ses codes de statut et de valorisation liés à sa situation passée. Son futur devait lui permettre de retrouver ce qu’il avait perdu.
Au cours de la démarche d’accompagnement, après quelques résistances, il reconsidère avec courage ses attentes pour se projeter avec réalisme. Il adapte sa recherche pour répondre à son besoin, pour trouver un poste cohérent avec son parcours, selon des conditions différentes de valorisation individuelle (taille d’entreprise, salaire…).
Il se confronte à ce qui est inconfortable, déstabilisant sur l’instant, pour construire une solution réaliste et repenser son avenir autrement.
Il s’affranchit de cette culture du statut pour s’engager dans celle du rôle.
Il comprend que le futur ne peut être une reproduction ou un rattrapage du passé. Il se positionne en valeur ajoutée individualisée, au-delà d’une logique de compétences, présentes et réelles. Il les dépasse pour investir la relation au marché, à ses évolutions, à ses nécessités. Il propose un « comment » pour dépasser le « quoi ».
Il relativise la représentation pour le contenu, le réalisme, la nécessité.
Il s’engage avec volonté, ténacité et courage dans un des enjeux du marché actuel : s’exposer en tant que « savoir-être » en dépassant son savoir, ses idées reçues, ses certitudes pour prendre le risque, réel, de réussir.
Il renonce momentanément pour s’adapter, et trouve un poste réel. Félicitations !
Dépasser l’acquis figé et dépassé, rassurant et supposé valorisant, pour vous engager dans le réalisme du projet futur génère un bénéfice plus observable et durable. Celui de vous développer parmi les autres, en contact avec ce qui est possible, selon vos atouts et talents.
Aborder l’avenir avec confiance n’est pas un rejet du passé. C’est s’appuyer sur son expérience pour la faire évoluer, en faire un outil vivant et en mouvement, un lien entre ce qui était et ce qui est à construire.
La modernité n’est pas l’ennemi de la tradition. Elle s’y ancre pour l’aborder avec structure et confiance les enjeux de demain, et créer les conditions d’adaptation réaliste et durable.
A quoi êtes-vous prêt à renoncer pour vous adapter, pour avancer et pour réussir?
Stéphane Lhermie
*Paul MARTIN : ministre des finances du Canada de 1993 à 2002, puis Premier Ministre de 2003 à 2006