Nous sommes en attente de quelque chose. Quelque chose de moral, d’éthique, de sociétal, voire de parfait, à titre personnel, mais aussi professionnel.
On parle de RSE, de chartes éthiques, de moralisation….Des outils essentiels bien entendu,
s’ils sont un réel cadre à la pratique individuelle : un ensemble de valeurs.
Un système de valeurs individuelles peut porter très haut les attentes vis-à- vis de son
environnement, des autres, des représentants d’une certaine autorité, dont le manager et
l’entreprise font partie. Selon qui ? Parfois selon la représentation quelque peu idéalisée que nous nous en faisons…
Une attente qui peut s’apparenter à une forme de quête d’absolu. Un risque aussi : celui de
porter ses attentes au-delà d’une capacité réelle d’en produire une satisfaction.
Faut-il renoncer à ses valeurs ? Certainement pas. C’est en tout cas mon opinion…Mais aussi
l’ajuster à la capacité de l’environnement d’y apporter une réponse réelle et satisfaisante, sans
renoncer à l’influence individuelle possible sur le collectif.
Nous attendons de… Mais de quelle manière agissons-nous à titre individuel ?
Les attentes que nous faisons porter sur le collectif, sur l’entreprise, sur le manager peuvent
se révéler un évitement de notre propre questionnement sur nos pratiques individuelles, mais aussi sur notre contribution à participer à faire évoluer ce collectif : notre capacité d’influence.
Agir peut influencer, exprimer peut influencer, faire-savoir peut influencer. A commencer par
être conscient pour influencer. Etre conscient de l’essentiel, du besoin réel, par rapport à l’émission de la demande et de la gratification instantanée associée.
Sommes-nous prêt à renoncer à une mission car nous savons que les conditions initiales de
réalisation ne permettront pas à la personne accompagnée de trouver sa satisfaction ? Sommes-nous prêt à renoncer à un objectif de rémunération pour trouver le bon poste, le bon projet ? Sommes- nous prêt aussi à renoncer à une part du projet, des objectifs de poste pour concrétiser avec les bonnes personnes ?
Renoncer pour avancer… Qu’y a-t- il de plus important : une demande figée irréaliste, ou
avancer ? Ma réponse immédiate individuelle, ou une solution collective ?
Le sens collectif semble glisser vers une addition de désirs individuels, dans lequel
l’institution aurait pour objet de répondre à l’ensemble des demandes individuelles. Et l’entreprise n’est pas épargnée de cette tendance.
Additionner des briques ne crée pas un édifice : il faut un liant pour les consolider et les faire
fonctionner ensemble, pour rendre cet édifice solide.
L’addition d’ambitions et de désirs individuels, dans un sens positif, ne suffit pas à créer une
culture d’entreprise, un esprit collaboratif, de groupe, d’équipe.
Investiguer ce qui est partagé, ce qui est commun, ce qui permet de se retrouver est une
démarche qui n’exige pas de renoncer à ses demandes individuelles, mais juste de ne pas en faire l’unique objectif. Moi et l’autre. Plutôt que moi ou l’autre, pour une satisfaction responsable, et durable.
Stéphane Lhermie