Relation humaine et technologie
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Sommes-nous si modernes?

Nous sommes un pays plein d’atouts, de talents, de ressources, et d’individualités qui, chaque jour mettent en œuvre une capacité à avancer, à évoluer, à envisager, à innover…techniquement, technologiquement, scientifiquement.

Est-ce suffisant pour nous dire modernes ?

Par sa culture du contrôle, notre ancrage institutionnel pèse sur l’expression des potentiels individuels et collectifs, sur la reconnaissance même de l’individualité, tant qu’elle participe à construire le collectif.

Ce penchant pour le contrôle est assorti de sa boîte à outils, parmi lesquels la fonction, la hiérarchie, l’autorisation,  l’obéissance et la sanction. L’autorité par le statut assurant la bonne mise en œuvre de ces outils. Modèle adapté à certains univers, mais à l’entreprise?

Un pouvoir de domination, construit sur des représentations institutionnelles transmises : celui du chef sur l’employé, de l’homme sur la femme, du diplômé sur le non-diplômé. A chacun son statut, son rang. Alors quand on cumule…Et la liste peut être très longue…

Obéissance et hiérarchie

Quid alors de l’esprit critique, de l’opinion, de l’adhésion, du rôle, de l’encouragement, de l’individualité contributrice au collectif ?

Le contrôle est bien entendu nécessaire pour s’assurer de l’avancement, du respect des engagements, de la bonne compréhension…Nous pouvons alors parler de supervision. Il l’est aussi pour le contrôle de conformité d’un matériel, et alors merci le Contrôle Qualité.

Mais la conformité de l’humain ?

Appliqué à la relation, le contrôle devient archaïque et s’assure d’un mode applicatif des consignes. Il dispose d’un mode opératoire unique, avec renfort de blocages excessivement procéduriers, pour le bénéfice…du « contrôlant ».

Question de pouvoir, mais pas de confiance.

Un système déséquilibré, dont l’archaïsme pourrait prendre sa source il y a plus de 2 millions d’années, quand l’homme préhistorique construit alors son premier outil pour domestiquer la nature, et toute chose animée, pour la soumettre à ses besoins primaires : dominer pour contraindre,  à son besoin à l’époque, à sa volonté aujourd’hui.

Une transmission d’un rapport à l’environnement, qui est devenu un rapport à l’Autre construit sur ce besoin de le contrôler pour la seule protection…du « Contrôlant ».

Collaboratif et expression individuelle

Alors oui, nous sommes intellectuellement sophistiqués. Mais notre modèle collectif influence encore une relation, même si cela évolue et notamment au sein de l’entreprise, construite sur un rapport au statut, garant d’un pouvoir par la domination.

Un système qui fige, qui empêche, qui retient, qui garde. Un système qui contrôle.

Ce serait quoi une modernité relationnelle ?

Par opposition à cet archaïsme contrôlant, nous pourrions donc considérer qu’une relation plus équilibrée, respectueuse d’une forme d’expression du talent, de l’opinion, du potentiel, ou juste de la singularité, soit considérée comme moderne.

Une approche d’une relation plus en confiance, plus en équilibre, qui génère davantage de fluidité, est aussi un formidable vivier de performance, d’épanouissement bien sûr, et de réanimation d’un système collectif qui s’asphyxie du poids des archaïsmes, entre lourdeurs et blocages.

Chaque individu en expression nourrit l’espace collectif d’un renouveau, d’une diffusion bénéfique et positivement contagieuse, si tant est que le système ait suffisamment confiance pour accepter cette valeur d’expression et que l’intention d’expression soit constructive.

Il est avant tout question d’équilibre entre expressions individuelles et progrès collectif,  de flux libérateurs d’énergies, d’idées, d’actions et de vision. L’enjeu de cette approche est aussi la capacité de reconnaître une réalité d’un sujet, animé ou non.

Comme le disait, selon moi justement, François CHEREQUE (Secrétaire Général de la CFDT de 2002 à 2012) : « Avoir une vision moderne du monde, c’est le voir tel qu’il est, et non comme on voudrait qu’il soit ». Remplacez « monde » par « humain »…Ça sonne bien, non ?

Modernité et réalité humaine

Et demain ?

Nous déployons des moyens technologiques extraordinaires pour explorer le lointain, mais sommes encore trop souvent dans notre « caverne » pour la relation de proximité.

Une situation alimentée par un système de transmission du savoir qui laisse peu de place, ou encore trop peu, au développement de l’individualité, en confiance, en relation. Même si des opinions et initiatives individuelles encouragent une vision nouvelle.

Interrogeons d’ailleurs la diversité d’une manière générale, et la place de l’Autre dans l’univers professionnel notamment, lui-même assez dual. En  effet, il est autant le lieu de résistance du modèle institutionnel, que d’évolutions dans la sollicitation, voire l’exigence d’expression de posture en relation, en faire-savoir, en contribution par le savoir-être, pour faire face aux enjeux du monde réel. Cette vision réaliste milite pour la reconnaissance du potentiel de contribution individuel, au-delà des représentations et blocages associés.

Une façon de fluidifier, de faire respirer, et probablement de dynamiser.

Cette part d’univers professionnel, public ou privé, révèle aussi  chaque jour le courage et une bénéfique modernité de ses initiatives managériales et collaborateurs, en innovation relationnelle, pour envisager autrement.

Et vous, quelles sont vos idées pour innover dans la relation ? Soyez modernes !

Stéphane Lhermie

 

 

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